Imprimer

Steve, David et Loic ont repris le chemin de la compet sur le raid Occitania . Un raid longue distance entre Millau et la Méditerranée. 

Le CR du raid a été particulièrement long à venir, mais faut dire aussi que le raid était sacrément long, et qu’il exigeait une bonne récup à base d’hibernation estivale. Pour ne pas que vous vous perdiez, tout comme nous pendant le raid, j’ai opté pour un compte rendu section par section en collant au plus près de la réalité, puisque ce n’est pas dans mes habitudes d’exagérer les faits de course.

Section 0 (S0). On se retrouve avec Steve au camping des Flots Bleus sous un cagnard pas possible qui nous rassure sur le départ quasi nocturne du raid. On mange une pêche, on en pose une, et on décolle pour le stade d’eau vive de Millau, lieu du prologue. Loïc est déjà passé à l’accueil récupérer les lots (de la bière youhou) et le doigt électronique. Le nom de notre équipe (XTTR 63 cm à 3) nous oblige à y repasser ensemble pour prouver notre bonne foi quant au nom de l’équipe. Les bénévoles sont charmantes et le score de 63 cm est bien attesté sous contrôle d’huissier de justice.

Prologue. Relais à trois en kayak sur une boucle qui comprend une remontée sur le Tarn et une descente du stade d’eau vive en version naviguée pour certains et semi naviguée - semi nagée pour un autre… On prend la 5ème place du général et nous partirons donc à cette place lors du départ échelonné à venir à 20h.

S1. Le départ se fait toutes les 20’’. Nous démarrons donc en kayak 1’40 derrière les premiers, mais Loïc et ses bras Herculéens parviennent à combler l’écart et on sort de l’eau au contact de la tête de course.

S2. Run n bike. C’est la bagarre avec Absolu ! Loïc essaye de les lâcher en courant mais rien à faire : normal on a affaire à Chiara Casari, impossible de faire plus teigne. Elle est déterminée et veut nous faire péter. Je prends la section avec philosophie et me dis que courir à 18 km/h sur un raid de 38h ça risque bien de coincer à un moment donné.

S3. Au repos, je laisse faire les deux artistes pour la montée au Pouncho (2,5km 500m+ quand même) et la CO caussenarde qui s’en suit. XTTR63 sort devant au sommet, nickel ! Moins nickel, on laisse pas mal de balises (péna de 10’ pour chacune) sur la CO bien coquine selon Steve…

S4. Traversée du Causse Noir en vélo. La section est principalement négative, dont une ultime descente apparemment ultra technique. On est en effet bien servi mais Steve descend comme s’il n’avait pas de cerveau, enfin il descend comme d’hab quoi ! Les postes sont souvent magnifiques : par exemple en haut d’un ermitage perdu dans les corniches du Causse auquel on doit accéder par une échelle verticale fixée au rocher. D’ailleurs, point génial du raid, tout se fait en orientation. On frise le moment magique alors que l’on longe la Jonte mais du côté Aveyronnais… Un pont à traverser et c’est la Lozère. Mais l’orga a déjà assez galéré à obtenir l’autorisation des deux préfectures de l’Aveyron et l’Hérault et n’a pas pu aller en Lozère. On a cependant touché du doigt le paradis… Anecdote bonus : Stevos a réalisé la section sans peau de chamois, ce qu’il va regretter amèrement par la suite : il terminera en marchant comme si on s’était occupé de son olive !

S5. Trail où c’est qu’on a remonté ce qu’est ce qu’on avait descendu. Le raid c’est pas franchement un truc d’intellectuel. Tu cherches les trous, tu les descends et tu les montes ! Donc pour résumer :  Causse noir – Gorges de la Jonte – Causse Noir… La suite à venir étant Gorges de la Dourbie – Causse du Larzac – Gorges de la Dourbie – Causse Noir – Gorges de la Dourbie – Causse du Larzac – Traversée du Larzac (je me suis même pas trompé j’ai vérifié !). Et ensuite ça continue mais je connais moins c’est trop loin de mon pays ! En tout cas l’équipe sort en tête de la section malgré un jardinage insistant pour trouver une balise qui n’était pas là.

S6. VTT. Qui dit Causse dit brebis. Qui dit brebis dit patou. Qui dit patou dit temps de référence sur l’interposte ! Je me dis que je risque moins que Loïc parce qu’il est barbu et ressemble plus à un loup. En plus il y a plus à manger sur lui, si le chien est logique il commence pas par moi et j’ai un sursis ! L’orientation nocturne en terrain caussenard se déroule bien, mais les pneus Auvergnats font les susceptibles et se dégonflent quand il faut affronter le calcaire. Bilan deux crevaisons et en bonus une difficulté à trouver le PC de fin de section qui n’est pas là où la carte l’indique !!! On est comme des couillons à chercher au hasard dans les rues de Nant puis j’appelle Caro qui vient me chercher. L’orga a dû modifier l’arrivée de la section et n’a pas eu le temps de briefer tout le monde. On reste malgré tout en avance d’1 heure, mais il faut continuer à cravacher pour compenser les péna qu’on a prises.

S7. Pour ma part, cette section s’est super bien passée : je suis resté au Kangoo, j’ai mangé, préparé l’orientation des sections à venir, et dormi un chouia. Pour Steve et Loïc, en revanche, il me semble qu’ils ont fait du trail ! Des trous des bosses et ainsi de suite à de multiples reprises, jusqu’à ce que le TFL de Loïc soit bandé comme un arc et que lui ne puisse quasiment plus courir. Fin de section costaud donc, mais ils sont revenus, tout comme le soleil qui commence à darder ses rayons dans un ciel azur clairsemé des volutes vaporeuses de la vallée et qui me les brise parce qu’il va encore faire une cagne impossible sans un pèt d’ombre sur le Larzac.

S8. La traversée du Larzac. La légende raconte qu’elle n’avait jamais été réalisée avant ce jour là par les équipes courageuses du raid. On cuit à petit feu et il est que 8h, les vautours tournent au-dessus, je comprends pas ce Causse qui fait que monter ou alors c’est moi qui suis en hypo ! Par contre je comprends bien le goût du Roquefort quand je vois le pays qu’on traverse ! Hors de question de laisser une balise donc on choisit la version cuisson prolongée histoire d’être à point à midi.

S9. La bonne nouvelle du raid : le trail autour de Roquefort de 20 bornes pour 1000m est réduit à 11 bornes et 600m. Je me refais la cerise (loooooooongue transition) et m’engage dessus avec Loïc qui en c*** toujours pour galoper. Disons qu’il trottine en souffrant… Heureusement le vélo ne lui fait pas mal.

S10. Loïc part donc sur le vélo suivant et écrase les pédales aussi fort que Steve oriente propre, ils ne laissent qu’une balise qui risquerait de nous mettre dedans. Le job est fait et bien fait. Mais rebelotte des crevaisons viennent perturber le déroulement de la section parfaite. C’est pas trop grave vu qu’on est toujours en tête avec environ 2h d’avance, mais les balises manquantes valent 2h de pénalité… Donc on fonctionne à flux tendu, si les adversaires l’ont, couic !

S11. La section de l’engagement physique et surtout stratégique… Celle qui fait mal et qui fait peur. La barrière horaire s’approche et elle est pour dans 2 sections. Si on n’est pas dans les temps c’est 10h de péna, autant dire qu’on saute du viaduc de Millau ! On se donne des portes horaires théoriques de fin de section jusque-là. Et on part tenter de tout prendre sur une section (comme par hasard) très fournie en balises en trail O et CO ultra technique sur le Causse du Guilhaumard. Le terrain est abominable : montée de combe dans le lit du ruisseau puis dans les chadis (? En occitan dans le texte, en français je sais pas comment on dit mais ça pique sévère), puis sur le plateau sous le soleil et dans les rochers. Steve oriente royalement dans le technique. Les 9 balises sont prises, plus qu’à rentrer fissa. On arrive au parking les derniers, tout le monde a shunté soit la section entière soit la majorité des balises. On a entre 7 et 10h d’avance en prenant en compte les pénalités… à condition d’arriver avant la porte horaire dans deux sections…

S12. VTT express avec un poste. Ça taille pas dans la dentelle et les loustics se boulèguent pour arriver en trombe au PC. Ils traversent un camp naturiste ; l’équipe XTTR 63 cm à 3 est attendue par les culs-nuls qui veulent des preuves. Un coup de gourdin et l’équipe peut repartir sans retard. Steve se paie le luxe de crever quand même ! Il termine à l’arrache in extremis sur un pneu aux sonorités inquiétantes.

S13. Pas de répit pour les braves, sitôt arrivé sitôt outillé de la pagaie, Loïc s’engage sur la retenue d’Avène. Le milieu ressemble à une mangrove et oblige à orienter. En kayak c’est fun ! Nous avons 50’ pour revenir… Toutes les balises sont trouvées, on rentre en 40’, soulagement !

S14. La BARRIERE HORAIRE ! Les 10 petites minutes d’avance qui te font penser : maintenant c’est un autre rythme, plus qu’à finir ! A ce moment précis la possibilité de la victoire s’ouvre dans nos petits cerveaux fatigués mais il faut encore gérer parce malgré une avance consistante, il reste toute une nuit de raid. On s’engage sur un swimrun de 5 bornes qui promet d’être rafraichissant. Deux traversées de 200 puis 100m atypiques en raid mais vraiment cools !

S15. Un long VTT plutôt roulant qui convient bien aux cuissots de Loïc mais qui est moins ludique du coup. Les interpostes sont bien longs et je reçois un coup de fil du Stevos qui me demande de trouver le directeur de course pour savoir si l’ordre des postes est libre ou imposé. Vue l’excitation de puce qu’il a, il a vu la coupe du siècle le bonhomme. Et ça a pas loupé, après confirmation de l’orga, il a pu réaliser son saut de l’espace.

S16. J’ai parlé d’une section abominable avant. C’était sans connaître celle-là. Un trail dans le massif du Caroux : 17km pou 1200m+. Une beauté extraordinaire mais aussi une difficulté extrême ! J’envie les randonneurs en train de bivouaquer près du sommet, alors je les réveille avec ma frontale ! J’attends la descente avec impatience, et quand elle arrive elle fait encore plus mal que la montée, improbable. Quand je pense au VTT pour terminer… Au PC, Loïc fait son gros dodo et se fait magner quand il nous voit arriver « en avance » ! Un bon coup de 1000 lumen par la tête et hop il croit que c’est le soleil. Plus qu’à le mettre sur son vélo et le lancer dans le sens de la descente !

S17. 75 bornes mais plutôt un profil négatif : on contourne le Caroux, on traverse un massif plus au sud et hop plus qu’à traverser la plaine du Languedoc. Sur le papier c’est bien court, mais en vrai la montée fait environ 8km, et quand elle se termine, elle laisse sa place à un portage d’1h15 ! Ce finish cadeau ! Après la montée au pic de la Coquillade, on descend par des pistes forestières puis de la route. Croyez-moi ou non, mais pour une fois j’étais soulagé de ne pas faire du vélo technique ! Dans la plaine qui s’ensuit et qui nous amène à Tourbes pour l’arrivée, voilà Absolu qui nous rejoint. C’est marrant de se dire qu’on a commencé le raid au coude à coude, qu’on s’est bagarré pendant et qu’on va franchir l’arrivée en même temps ! Mais le nombre de balises prises est à notre avantage, heureusement pour nous.

Postlogue. Ambiance énorme grâce à Papi René au micro, à la banda qui traîne par là et improvise des airs pendant la remise de prix, à la bière généreusement servie par les bénévoles (le top du top d’ailleurs ces bénévoles). Pour une première, le raid Occitania est une énooorme réussite et mérite d’être fait (il faudrait un passage en lozère pour qu’il soit parfait !).

Actu David V