Une grosse aventure m’attend ce 27 aout 2021 avec le premier dossard depuis 2019 après une année blanche en 2020. Je prends le départ du mythique Ultra Trail du Mont Blanc, avec l’objectif de prendre du plaisir et de revenir en « bon état » à Chamonix après ce périple!
Chaque ultra est une expérience unique et c’est toujours le mystère sur la réaction de notre organisme malgré l’entrainement réalisé en amont.
Je pars dans la première vague de 900 à 17 h sous un beau ciel bleu, on nous annonce du temps sec mais des températures froides en altitude avec l’obligation d’amener des couches en plus.L’ambiance du départ donne des frissons, mais le plus marquant est la foule immense dans les rues de Chamonix mais aussi tout le long du parcours et sur le weekend end des centaines de personnes qui encouragent les coureurs. Pour résumer cette course, c’est trop long à raconter un ultra trail….., je vais simplifier en 4 étapes avec des , émotions diverses : joies, galères, jouissances, doutes, déperdition !
Chamonix – Les Contamines (31 km 1170 D+)
« l’échauffement », section très roulante ne pas se griller avec une allure rapide. Sortie du ravito avec la patate en mode nuit pour la suite.
Les contamines --- Courmayeur (80 km 4600 D+)
Enfin le calme de la montagne après la montée de notre Dame de la gorge et l’ambiance de folie.
La montée au col du Bonhomme tranquille avec le long serpent lumineux des frontales toujours fantastique. Avant le col je casse un bâton, je m’agace en finissant de monter le col avec un bâton.
Arrivée au ravitaillement des Chapieux, je m’arrête plus de temps que prévu mais j’ai réussi à réparer j’espère qu’il teindra.
En route vers le col de la Seigne pour passer en Italie, à l’approche du col le vent fort et glacial réveille (je plains les bénévoles présents pour nous pointer toute la nuit) et la vision des glaciers proches est irréelle.
Une courte descente avant d’aborder la montée aux pyramides calcaire, qui me semble bien raide.
Et un méchant coup de mou est en train de me tomber dessus, un mur se dresse devant moi, je n’arrive plus à avancer, je tombe sur le bas-côté et un coureur me réveille quelque temps après !!
Je ne sais pas combien de temps et ce qu’il m’est arrivé, j’essaye de repartir et j’arrive à atteindre tout doucement le haut du col, avec une descente trés caillouteuse après.
Le ravito du lac Combal permet de se refaire un peu, se forcer à manger et repartir sereinement et doucement jusqu’à Courmayeur. Avec en plus une interview des journalistes de France 3 Rhône Alpes qui faisaient un reportage sur les femmes et le l’ultra trail.
Le jour se lève avec des nuances de couleur superbes sur les glaciers.
Courmayeur ---- Champex (123 km 7300 D+)
Arrivée sur la ville de Courmayeur après une longue descente et un point douloureux dans le quadriceps droit. Je retrouve avec joie mes assistants de choc (olivier et Romane)
Finalement je resterai une bonne heure au ravito, bien requinquée pour affronter la montée à Bertone. Je me régale sur la suite du parcours avec un sentier en balcon avec un paysage fabuleux jusqu’au pied du grand col ferret.
Dans ma tête le passage du point culminant de la course négociée, un cap psychologie bien positif est franchi, Chamonix se rapproche avec le passage en Suisse…
Mais les 18 km de descente vont finir d’achever mon quadriceps, la montée sur Champex est presque un soulagement !
Champex – Chamonix (172 km 10000 D+)
Le moral est toujours bon, il reste 3 grosses bosses à franchir avant le graal, une deuxième nuit est à passer et courir devient compliqué avec la cuisse en steak haché, mais il faut avancer tant que ça tient debout, Chamonix n’a jamais été aussi proche.
Après une bonne pause dont 20 minutes de sieste et une assiette de pâtes que Romane s’efforce de me faire manger, je m’élance vers Bovine, en essayant de discuter avec d’autres coureurs, mais beaucoup sont aussi en mode « Zombie ».
La progression est lente, après Bovine, mais je profite de la vue nocturne sur la vallée de Martigny. Je m’agace, je perds beaucoup de temps sur les parties roulantes et en descente car je n’arrive plus à courir, en plus de la douleur le pilotage est trop hasardeux et je risque la gamelle.
Mon bâton a définitivement rendu l’âme.
Enfin le jour se lève en arrivant à Vallorcine, la température est proche de zéro, mes deux assistants sont frigorifiés mais me re-boostent à fond pour l’ultime montée de la tête aux vents et le graal au bout de la descente.
J’ai perdu tous mes repères temporels mais pas d’hallucinations nocturnes, certains ont vu des dauphins sur le sentier….
Je savoure la dernière montée dans tous les sens du terme et arrive à la Flégère en mode limace.
Les 950 m de D- jusqu’à Chamonix sont longs et prennent beaucoup de temps, les premières rues de Chamonix atteintes je rassemble l’énergie qu’il me reste pour courir portée par les encouragements de la foule.
Olivier et Romane me rejoignent, l’arche d’arrivée est en vue. Nous la franchissons enfin, et c’est toute la magie de l’ultra, la fatigue et les douleurs s’envolent et c’est une grosse bouffée le bonheur partagé en famille.
Peu importe le chronomètre, le but est atteint avec une découverte de soi-même, dans un tourbillon d’imprévus et de surprises : UTMB Finisher
Francoise B